L’intimité

L’intimité – d’après les roman d’Alice Ferney (chez Actes Sud) – l’avez-vous lu?

Il s’agit d’une des premières scènes, encore empreinte de douceur avant le drame.

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« Le corps est premier dans nos attachements, répétait volontiers Sandra. Elle voulait dire qu’il apparaît, s’impose, avant le moindre mot et sachant son désir, et porteur d’une puissance qui nous échappe. Il nous représentait même lorsque nous étions mentalement absents. Sandra baissa les yeux sur le garçonnet qui, près d’elle, en était comme la preuve. Nicolas respirait fort, il devait être enrhumé. Elle sentait sa chaleur intense. Elle mit sa main sur le front pour vérifier qu’il n’avait pas de fièvre. Il s’était recroquevillé en chien de fusil, le haut de sa tête touchait la cuisse de Sandra et ses cheveux s’électrisaient au contact du velours du pantalon. Qui ne s’attendrirait pas devant ce corps originel et neuf, la clarté rosée de la joue enfantine, le petit lobe de l’oreille dépassant des cheveux, les cils longs et les paupières fermées, l’enfance de la peau sans pores ni taches ? La délicatesse de ce visage appelait le baiser. Sandra posa ses lèvres sur l’aile du nez. Être jeune, c’est être embrassé, pris dans les bras, chatouillé, cajolé, adoré comme un bijou. »

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